C’est mon nom, Moyen. Le nom que je me suis choisi. Moyen. Il faut bien le comprendre, ce nom. Il faut bien le comprendre parce qu’y en a plein qui le comprennent pas. Moyen, ça veut pas dire que je suis moyen ou que j’aime que les gens moyens. Les gens moyens, les dissidents moyens, les normaux moyens, c’est la même merde pour moi. Les moyens, pour Moyen, y a pas moyen, non non, les moyens y a pas moyen pour Moyen. Il faut bien comprendre ce que ça veut dire, Moyen. Moyen, c’est la voie du fleuve impassible et des Peaux-Rouges, Moyen c’est le vortex transcendantal, la révolution métaphysique, Moyen c’est la promotion de l’élite souveraine et intransigeante, le Roi Polaire de toutes les Russies. Moyen, c’est l’élite. C’est le moyen de rénover l’élite, le moyen de polariser l’élite vers le Roi du Monde. Moyen, Moyen, c’est la voie royale pour rayer les gens moyens de la carte du monde. Moyen, c’est le moyen absolu pour en finir avec les gens moyens tout relatifs. Casquette de moire, Quéquette d’ivoire, Moyen est un jeune goinfre de transes, des transes européennes et polaires, des transes de haine terrible, des steppes arides et des fjords vertigineux, du froid intense et révolutionnaire de toutes les haines blanches en armées de fleurs de lys. L’amour ne se confond pas avec la poésie. Je suis certain de ne pas me tromper. Moyen est une preuve d’amour. Moyen, c’est le nom que je me suis choisi. Moyen c`est la voie de l’archaïsme, le retour vers les hommes d’avant l’intelligence et la connerie. La voie vers le grand continent antérieur, les angles de la Grèce et les brumes de la Baltique, tout ensemble vers l’Unité primordiale. Tout ensemble, et jusqu’au bout. Jusqu’au bout vers le Nombre Un. Jusqu’au bout. Toi qui écoutes Moyen, vas-y voir toi-même, si tu ne veux pas me croire. Double bien, double bien, double bien Moyen, poste-toi tout là-haut et couronne-moi. Car Moyen est moins fort que ses chansons, et même moins fort que ceux qui les écoutent. Le barreau sur l’échelle du Grand Tout est un moyen pour les gens moyens de ne plus être moyens, et ce moyen n’est pas moyen, ce moyen est super, pas super-moyen mais vraiment super. Vas-y, double bien, double bien Moyen, la voie t’est ouverte. Sors de ton canapé, et grimpe les barreaux, hisse-toi jusqu’au Toit du Monde. Le Roi du Nombre, le Roi du Monde, le Nombre Un. Les temps sont arrivés. Moyen c’est la voie, la voie vers la Terre Pure. Les temps sont arrivés.

Je suis froid. Froid comme la Lune. Froid comme le voile bleu qui recouvre la sainte Face de la Très-Sainte Vierge Marie. Froid comme le bruit de fond de l’univers. Je suis froid, aussi froid que les bras spiraloïdes de Sagittarius A. Tu connais pas Sagittarius A ? Tu crois quoi, tu écoutes une chanson de Moyen et tu connais pas Sagittarius A ? Sagittarius A, c’est le sagittaire des origines, le Trou Noir au centre de la Galaxie qui a créé ta mémé et qui va te dévorer. Le Grand Sagittaire, Sagittarius A, froid comme la Lune et froid comme Moyen. Tu sais pas ce que c’est, mettre sa peau sur la table ? Tu veux que je te dise ce que c’est, de mettre sa peau sur la table ? Je vais te le dire : mettre sa peau sur la table, c’est s’envelopper à l’intérieur du Grand Trou Noir des origines, le Trou Noir qui a créé ta mémé, et s’éteindre à l’intérieur, s’éteindre comme un cierge en fin de vie qui se transforme en grosse boule de cire toute poreuse. Ma peau sur la table, c’est la cire du cierge toute gonflée qui troue l’espace-temps. C’est ça, la révolution : se transformer en Trou Noir méta-galactique, et dévorer tous les enfants de l’univers, les uns après les autres. Avaler dans sa gorge froide tous les petits animaux tout chauds qui se font chier. Je suis un Centaure, un Centaure qui danse sur ta pierre tombale, un Centaure qui perd son sang-froid en repensant à toutes ces années de service. Dévorer les gens est devenu mon passe-temps, je relève la gueule et ils tombent tous dedans. Je suis froid, je n’aime pas la lumière. Ni la lumière d’en-haut ni celle d’en bas. Je suis froid comme la Lune, comme la Colombe, je suis froid comme Freyja, froid comme Isis et comme Shiva. Froid comme la charité. Et si j’avale ta mémé, je vais la dévorer. Et je dirai jamais plus rien. Rien. Ça se terminera comme ça.